En ce samedi du début de mai, je descends de mes Laurentides pour participer à une assemblée générale extraordinaire de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ). Une seule proposition à l’ordre du jour, l’affiliation de notre syndicat à la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN). Nous sommes environ 250 membres de l’UNEQ, tous réunis au moyen d’une plateforme de visioconférence. Certains sont présents dans une salle à Montréal, d’autres dans une salle à Québec, et d’autres encore sont de partout en présence virtuelle. L’ambiance de la réunion est sereine, je dirais même joviale. La grande majorité des interventions sont favorables à l’affiliation. À la fin de la réunion, le résultat du vote est on ne peut plus clair : la proposition est adoptée à 82 pour cent des voix. Mais alors que s’est-il passé? L’UNEQ n’était-elle pas en crise? Qu’en est-il du grand schisme au sein de l’espèce écrivaine?
Réactions épidermiques
La réalité est banale. Trop d’éclairage a été accordé au début de l’année dernière aux propos de quelques opposants. Un épiphénomène passager a donc été abusivement qualifié de crise (entre autres : «Dur lendemain de veille pour l’UNEQ», Étienne Paré, Le Devoir). L’épisode est aussi un peu triste. Un petit nombre de plumes notoires, dont l’œuvre est respectable par ailleurs, se sont inutilement braquées (entre autres : «Retrouver l’UNEQ», Jacques Godbout, opinion, Le Devoir). Or, la syndicalisation des artistes de la littérature est un mouvement irrépressible. Bien sûr, en 2023, la direction de l’UNEQ était allée un peu vite en affaire devant la nécessité de financer la négociation d’ententes collectives avec les éditeurs. Proposer d’entrée de jeu le prélèvement d’une cotisation sur les redevances d’auteur était peut-être téméraire. En démissionnant en bloc après la réunion désastreuse du 29 mars, les membres du conseil d’administration admettaient avoir failli à susciter l’adhésion des membres à leur vision. Toutefois, cela ne remettait pas en cause leur entier dévouement aux intérêts des artistes de la littérature. Cela ne remettait pas non plus en question la nécessité de financer l’opération de négociation, à mener dans un proche horizon.
L’avancée se confirme
Dès le mois de mai, un nouveau conseil d’administration était élu à la tête de l’UNEQ. Ce fut le meilleur sondage possible sur l’état de santé de notre syndicat. Parmi les sept administrateurs nouvellement élus, cinq avaient déclaré publiquement leur accord avec les orientations de l’administration précédente. Or, ces cinq élus sont aussi ceux qui ont récolté individuellement le plus grand nombre de votes. L’élection en disait long sur l’opinion au sein de l’UNEQ quant à la poursuite de sa mission syndicale (UNEQ, revirement de situation). Fort de cet appui des membres, le nouveau conseil d’administration s’est appuyé sur les acquis du précédent conseil pour développer une stratégie prudente. Il s’est assuré d’une offre généreuse d’affiliation et de soutien de la part d’une grande centrale syndicale. Au cours des derniers mois, les administrateurs et l’équipe permanente ont déployé des efforts considérables pour bien informer les membres sur leur perspective et sur les étapes à venir. Les lieux de discussion ont été multiples et faciles d’accès. Le processus a connu une conclusion heureuse : l’appui sans équivoque des membres à la première étape proposée.
Le coeur à la fête
Je remonte vers le nord, depuis le bas de la rue De Lorimier, non loin du fleuve. Malgré un jour pingre en soleil, j’ai l’impression que le printemps s’accélère. Au parc Lafontaine, le feuillage des grands peupliers exulte. Rue Saint-Denis, les minijupes caracolent. Partout, des gens au pas de course. Un peu avant d’atteindre la Métropolitaine, je vois un magnolia en fleurs égayer tout un quartier.